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évangéline

craintifs contre les loups, dont on entendait les hurlements au loin, dans la forêt.

Plus tard, lorsque la lune se levait, les lourds chariots revenaient îles marais, chargés de foin salé qui remplissait l’air de son âcre parfum. On entendait de toutes parts les hennissements joyeux des chevaux, dont les crinières étaient tout humides de rosée ; couverts de leurs selles de bois aux couleurs éclatantes, ils regagnaient paisiblement la ferme. En même temps, les vaches, patientes et immobiles, abandonnaient leurs mamelles pleines de lait aux laitières empressées.

Partout, dans la cour de la ferme, se faisaient entendre des rires bruyants et les beuglements des bestiaux, qui bientôt se perdirent dans le silence. Alors les portes se fermèrent lourdement, puis tout rentra dans le calme pour une nuit entière.

À l’intérieur de la maison, Bénédict, assis dans un fauteuil grossièrement sculpté, devant un vaste foyer, suivait du regard les flammes et les tourbillons de fumée qui montaient dans la cheminée. Il fredonnait des airs de chansons et de noëls populaires, que ses ancêtres, avant lui, chantaient autrefois dans leurs vergers de Normandie ou bien dans leurs jolies vignes de Bourgogne.