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Page:Longfellow - Évangéline (trad. Poullin), 1911.djvu/29

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évangéline

Le forgeron prit ensuite sa pipe qu’Évangéline lui présentait après l’avoir allumée avec un charbon, puis il continua d’une voix lente et attristée : « Voici quatre jours que des vaisseaux anglais sont à l’ancre dans la baie du Gaspereau, leurs canons pointés sur le village. On ignore ce qu’ils viennent faire ici ; mais ce qu’il y a de certain, c’est que tous nous avons reçu ordre de nous trouver demain dans l’église, où l’ordonnance de Sa Majesté sera proclamée comme loi du pays. En attendant, tous les cœurs sont dans l’inquiétude et en proie aux plus vives alarmes. »

Le fermier répondit : « Ne nous désolons pas avant qu’il en soit temps. Peut-être ces vaisseaux sont-ils amenés dans des intentions plus amicales. Peut-être, en Angleterre, les moissons ont-elles été gâtées par des pluies trop abondantes ou par des chaleurs trop prolongées, et alors, peut-être, les Anglais viennent-ils chercher dans notre pays, si richement approvisionné, de quoi nourrir leurs familles et leurs troupeaux.

« Ce n’est pas ce que pensent tous les gens du pays », répondit vivement le forgeron en secouant la tête d’un air de doute ; puis, après avoir étouffé un profond soupir, il reprit tristement : « On n’a point