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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/102

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fonte des neiges ne s’opère qu’assez lentement et comme par degrés, peut-être les torrents des régions glacées ne grossissent-ils pas aussi soudainement ; peut-être, ayant plus de temps pour se décharger de leurs eaux, n’ont-ils pas tout à fait autant de rapidité ; il suffirait, si j’ose ainsi dire, de plonger la main dans ceux de la Guadeloupe pour être irrésistiblement entraîné, et le courant d’air qu’ils déterminent est si fort qu’il parviendrait presque à y pousser le spectateur imprudent qui s’en approcherait de trop près. J’ai vu en Suisse quelques torrents grossir par la fonte des neiges et devenir capables d’emporter tout ce qui pouvait leur faire obstacle ; mais ils n’étaient amenés que par degrés à cet état de rapidité et de fureur, tandis qu’à la Guadeloupe, ils grossissent si promptement qu’on n’a que le temps de s’enfuir.

On trouve sur le bord des torrents diverses espèces de mousses et de fougères, des lianes, entre autres la liane Saint-Jean, dont les feuilles sont très-rudes, et dont la fleur bleue a, comme notre immortelle, la propriété de ne se pas faner et de rester constamment la même. On y trouve, entre une foule d’autres grands végétaux, le cacaoyer, le manguier, le goyavier, le bambou, dont on fait un si grand usage, soit pour suspendre des hamacs,