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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/163

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que peu de farine. En général, on ne l’arrache pas avant dix mois ni après dix-huit.

Outre les espèces de manioc que je viens de nommer, il en est une autre qu’on appelle manioc doux, que l’on mange comme l’igname ; j’ignore si on la cultive à la Guadeloupe, je ne l’y ai jamais vue.

C’est donc avec les racines de cette plante, qu’on fait la farine de manioc, cette fameuse farine qui est, pour ainsi dire, le fond de la nourriture des créoles, farine par excellence et qu’en général on préfère au pain. C’est encore avec ses racines qu’on fait la cassave et la moussache.

Pour faire la farine, on pelle les racines, on les lave, on les râpe, ou, comme on dit, on les grage, en les frottant sur une planche hérissée de pointes de cuivre à la manière d’une râpe ; ensuite, on les met dans des sacs faits avec des feuilles de latanier, et on les soumet à une assez forte pression ; l’eau qui en sort contient un poison violent. L’odeur qu’elles répandent, quand on les râpe, excite la toux et fait rougir le blanc des yeux ; beaucoup de personnes ne peuvent supporter cet effet.