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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/198

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temps qu’il inspire une haine secrète contre leurs superbes et injustes persécuteurs. M. de Monpertuis, habitant de la Grande-Terre, avait acheté six nègres de nation mine. Ces nègres disparaissent un matin ; on les cherche ; on les trouve enfin dans un bois, mais nageant dans leur sang, ayant auprès d’eux une hache et un couteau ; cinq de ces nègres avaient la tête tranchée, un la gorge coupée. Il est à présumer que ce dernier avait survécu aux autres et s’était lui-même donné la mort. Félicianne, négresse africaine appartenant à M. Parize fils, ne pouvant supporter l’idée de sa dure et pénible condition, descend jusqu’au pont des Gallions et de là se précipite, avec le plus grand sang-froid, dans la rivière, qui roule sur un lit de roches à plus de deux cents pieds au-dessous de ce pont ! Et tous les jours, les blancs qui vont dans les bois à la poursuite des noirs fugitifs, ne les voient-ils pas se détruire plutôt que de se laisser ramener à la maison de leurs maîtres. Voilà des fruits de l’esclavage ; nous en verrons d’autres encore.

Quand, à l’époque trop mémorable de notre révolution, on donna la liberté aux noirs de la Guadeloupe, ils commirent, dans l’ivresse de leur bonheur, de nombreuses atrocités, et la renommée,