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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/199

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qui grossit tout, en fit des monstres. Sans doute, la crainte de perdre encore le bien précieux qu’ils venaient de conquérir les aveugla et les jeta dans l’erreur. Ils pouvaient défendre leur liberté sans devenir assassins. Mais sont-ils bien aussi coupables qu’ils semblent l’être ? On en pourra juger. D’abord, on faisait entendre à ces êtres simples et abrutis, pour ainsi dire, par l’excès de leurs malheurs, qu’ils ne pouvaient s’assurer la jouissance paisible et entière de leur liberté qu’en lavant la honte de leur esclavage dans le sang de leurs anciens maitres. Mais que serait-ce si ces infortunés n’avaient été excités, entraînés au meurtre que par des blancs et des blancs revêtus de l’autorité ? c’est pourtant ce qui arriva, et c’est ce qu’on a eu soin de cacher au gouvernement de la France, et on rejeta calomnieusement l’odieux de ces forfaits sur ceux qui ne furent réellement que les instruments dont se servirent, pour l’exécution, ces mêmes blancs qui les conçurent.

Le quartier des Trois-Rivières est le lieu où les assassinats furent le plus nombreux. La raison en est simple ; c’était le quartier le plus riche, et les brigands qui commandaient les noirs étaient encore moins altérés de sang qu’ils n’étaient avides d’or et de richesses. Si les maisons de Gon-