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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/202

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rible, troubler le repos des peuplades de l’intérieur, les enlever à leur sol natal et à tout ce qu’ils ont de plus cher, leur faire enfin une guerre de brigands ; mais oseriez-vous, riches colons, leur en faire un crime ? commettraient-ils ces excès si vous n’alliez pas leur acheter, à vil prix, leurs prisonniers ? N’est-ce pas pour avoir vos fusils, vos couteaux, votre eau-de-vie, vos guingans, etc., qu’ils vont chez leurs voisins porter la terreur et la désolation ? Cessez donc de nous représenter les noirs pour ce qu’ils ne sont pas, et de nous en faire des monstres quand ils le sont moins que vous.

Mais fussent-ils ce que vous les dites être, serait-ce une raison pour les jeter dans les fers ? Qui vous a faits leurs maîtres ? quels droits avez-vous sur eux ? où sont vos titres ? Vous êtes blancs et ils sont noirs ; la seule différence de couleur, effet du climat, des mœurs et de la nourriture, vous donnerait-elle le droit de les tyranniser ? Non. Quoi qu’en puisse dire votre orgueil, la nature leur donna les mêmes prérogatives qu’à vous ; elle les créa libres comme vous. Attenter à leur liberté, c’est faire à la Divinité le plus grand outrage, c’est s’élever audacieusement contre la sagesse de ses œuvres ! Tremblez, ils ont au ciel un redou-