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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/201

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Pour pallier leur conduite à l’égard des noirs, les habitants ne cessent de répéter des absurdités. À les entendre, ces hommes s’égorgent dans leur pays ; ils sont errants, fugitifs, sans patrie. Ceux des côtes font une guerre opiniâtre à ceux de l’intérieur. C’est leur rendre un service que de les soustraire à ces calamités toujours renaissantes et à un genre de vie qui semble les assimiler aux bêtes. Leur sort dans les colonies est d’ailleurs beaucoup moins à plaindre que celui des paysans en France. D’abord, on pourra juger de la comparaison par ce qui va suivre. Quant à la première assertion, rien de plus faux. On voit des peuplades, comme les nations de l’Europe, se faire la guerre pour de certaines raisons, et, quoiqu’elles soient moins nombreuses, on ne niera pas, sans doute, qu’elles ne puissent avoir, comme ces dernières, des droits à soutenir, des injustices à venger, des intérêts à défendre, et, dès lors la guerre peut être légitime et nécessaire chez eux aussi bien que chez les nations qu’on dit civilisées. Mais il est absolument faux que les citoyens d’une même peuplade soient comme on voudrait le faire croire, en révolution continuelle et toujours prêts à se baigner dans le sang les uns des autres. Il est vrai que les noirs qui habitent les côtes vont, sans motif raisonnable et par une injustice hor-