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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/209

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hommes beaucoup plus humains, sans doute, que ceux qui les vendent, auxquels on ose donner cette dénomination humiliante ; au reste, qu’on ne s’en étonne pas, et nous aurons occasion de faire remarquer qu’un mulet, aux yeux des créoles, est un être plus précieux qu’un nègre, et qu’ils sacrifieraient, sans scrupule, celui-ci à celui-là.

Donnons donc une idée de ce barbare encan. Le jour indiqué, on voit arriver de toutes parts les habitants ; ils sont reçus dans une maison où l’on a eu soin de faire préparer un somptueux déjeuner ; rien n’est épargné pour les mettre en bonne humeur, mets délicieux, vins et liqueurs de toute espèce, Médoc, Alicante, Madère, etc., etc. ; qu’on sait bien les prendre par leur endroit faible ! On mange, on boit, on se divertit, tandis que les déplorables victimes, entassées sous un hangar, dévorent un petit morceau de morue salée, autant qu’il leur en faut seulement pour ne pas tomber d’inanition.

Ces messieurs ont-ils l’estomac bien fourni et la tête, surtout, bien échauffée par la fumée du vin, on procède à la ventes, on va faire son choix, on examine depuis les pieds jusqu’à la tête, on essaie, pour ainsi dire, ces infortunés, comme on essaie, dans nos foires, les chevaux et les bœufs. Tous