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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/210

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portent un écriteau qui indique ordinairement leur nation et le prix qu’on les veut vendre. Ce prix varie de deux à quatre mille livres coloniales au change de cent quatre-vingt-cinq. Ceux qui ne se vendent pas de gré à gré, sont mis à l’encan. On les fait monter sur une table deux à deux, et on les livre au plus offrant. Quiconque veut acheter des nègres, est obligé de faire apporter de quoi les couvrir, car on les apporte nus d’Afrique et on les livre de même.

J’étais monté aux Trois-Rivières, chez un de mes amis, dans le dessein d’assister à ce triste spectacle ; je ne pus jamais prendre sur moi de me transporter sur le lieu, je redoutais l’effet qu’il n’eût pas manqué de produire sur mon cœur ; et d’ailleurs, je craignais de laisser échapper, malgré moi, quelque signe d’improbation qui eût pu avoir des suites fâcheuses.

Caractère et mœurs des esclaves.

Pour bien connaître le caractère des noirs, il faudrait aller l’étudier chez eux. L’esclavage le dénature, le change entièrement ; on ne peut donc avoir, dans les colonies, que des idées très-fausses à cet égard. On juge du caractère de l’esclave et non de celui de l’homme noir.