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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/219

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Leur arme ordinaire, c’est le poison. Il est assez rare qu’ils empoisonnent leurs maîtres ; mais c’est sur leurs enfants, sur leurs autres esclaves, sur les négrillons, sur les bestiaux qu’ils exercent cette arme redoutable. Voici comme ils raisonnent : Plongeons dans le deuil nos fiers tyrans ; ruinons-les, ou plutôt réduisons-les à n’avoir que le nécessaire ; leur intérêt, lié à notre conservation, les portera à prendre à notre égard des mesures plus douces et plus humaines ; ils perdront de leur férocité ; ils ne se feront plus un plaisir barbare ou de nous faire expirer sous leurs coups, ou de nous faire traîner, dans le fond de leurs noirs cachots, une vie mille fois plus affreuse que la mort.

Effectivement, c’est sur les grandes habitations, c’est chez les riches que le poison fait le plus de ravages, et ses effets décroissent avec leurs moyens.

Les empoisonneurs forment une société dont les membres sont répandus sur tous les points de la colonie et se correspondent. J’ai recueilli, à cet égard, des renseignements que je crois d’autant plus certains qu’ils m’ont été donnés par une personne digne de foi.

Ils sont liés par d’horribles serments ; ils ont un