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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/220

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chef qui est l’âme de tous leurs complots, qui dirige leurs mouvements et qui seul peut recevoir de nouveaux frères.

Les cérémonies de la réception font horreur, elles ne se font que pendant la nuit. On introduit l’adepte dans une salle qui n’est éclairée que par la faible lueur d’une petite lampe ; on lui couvre la tête d’un voile noir, on le soumet à des épreuves épouvantables ; s’il est ferme, s’il ne donne aucun signe d’émotion ou de crainte, on le trouve bon, il est reçu frère. On lui fait boire alors du bouillon de petit-pied, bouillon qu’ils font avec de la chair, des os et le cœur des blancs qu’ils vont exhumer pendant la nuit ; ensuite, on lui donne une fiole de rhum préparé, avec l’ordre d’empoisonner tel ou tel nègre sous un temps déterminé. S’il exécute fidèlement cet ordre, on lui enseigne l’art perfide de mixtionner lui-même les poisons.

Ils empoisonnent ordinairement les hommes avec un mélange de vert-de-gris (oxyde de cuivre), ou de suc de mancenillier, ou de racines de pommes de rose, ou encore de racines de citronnier avec du rhum ; les bestiaux, avec des frégates réduites en poudre, qu’ils répandent dans les savanes ou mêlent avec les écumes du sucre qu’on leur donne à boire.