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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/225

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Dans quelque espèce de travail que ce soit, hommes, femmes, enfants ne sauraient échapper à la vigilance du Cerbère qui les garde. Jouirait-il des faveurs et de la confiance du maître, s’il ne partageait pas un peu sa cruauté ?

À neuf heures, le travail cesse jusqu’à neuf heures et demie ; cet intervalle est le temps qu’on accorde pour déjeuner. À midi, le repos a lieu encore jusqu’à deux heures. Enfin, c’est avec le jour que finit le labeur, mais pas avant, surtout, que ces malheureux esclaves n’aient été couper chacun un paquet d’herbe pour les bestiaux, paquet qui leur vaut quelques coups de fouet, si l’interprète des fureurs du souverain le trouve trop faible. Après la prière, tous se retirent dans leurs cases, épuisés de fatigue.

Et de quoi sont nourris ces hommes qui bravent ainsi les ardeurs du jour et les intempéries des saisons ?… — D’un petit morceau de morue salée et d’un peu de farine de manioc. — Au moins trouvent-ils, quand ils reviennent des champs tout pénétrés de sueur, cette nourriture si simple préparée ?… — Point. On leur distribue tous les vendredis les modiques provisions de la semaine, et à eux le soin de les assaisonner comme ils l’entendent : il est