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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/226

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vrai qu’il n’y a rien là de long ni de difficile ! Cette provision, qu’on appelle ordinaire, consiste en deux livres de morue et deux pots de farine, pour les hommes ; une livre et demie de morue et un pot et demi de farine, pour les femmes. Le pot de farine pèse environ deux livres et demie ; c’est donc en tout sept livres de comestibles qu’on donne chaque semaine à un homme qui travaille journellement depuis quatre heures du matin jusqu’à sept heures du soir. Voilà certainement de quoi soutenir ses forces ! Si nos paysans, auxquels on les veut comparer, n’avaient par jour qu’une livre de pain à manger, que nos champs seraient bien cultivés ! quelles riches moissons on y verrait éclore !

Comme la terre ne manque pas aux habitants, ils donnent à leurs esclaves le choix de recevoir l’ordinaire ou d’avoir la jouissance d’un petit coin de terre avec un jour de la semaine pour le soigner ; la plupart optent pour ce dernier parti. Il n’y a que les esclaves faibles et maladifs qui prennent l’ordinaire. Eh bien, dans ce petit coin de terre, ils font du manioc, des patates, des ignames et d’autres racines qu’ils viennent vendre le dimanche à la ville, se procurant ainsi leur nécessaire. Il y en a même qui parviennent, à force de