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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/230

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la pièce ceux qui sont au lait ; on les dépose tous dans des boites, sous la garde d’un enfant plus grand, et de temps en temps le commandeur permet à leurs mères d’aller leur donner le soin. Quant aux autres, ils restent tous à l’habitation, sous les soins de quelque vieille négresse que l’âge ou les infirmités dispensent d’aucune autre occupation.

Qu’elles goûtent bien le bonheur d’être mères ! qu’il est doux pour elles d’avoir des enfants sans pouvoir leur prodiguer les caresses que le cœur leur inspire, ni exercer sur eux la douce autorité que la nature leur donne, de ne voir au contraire pour eux qu’un cruel avenir ! « Je préférerais, disait une de ces femmes infortunées, je préférerais mourir mille fois, que de jamais donner le jour à un être dont le sort serait, comme le mien, de ne travailler et de ne vivre que pour un tyran. Si pareil malheur m’arrivait, ou bien je me précipiterais dans la rivière en le tenant serré dans mes bras, ou bien le même couteau nous percerait tous deux. »

Parmi les nègres de l’atelier, il en est à qui on fait apprendre quelque art utile ; ainsi, un habitant a toujours à sa disposition maçons, charpentiers, tonneliers, etc.