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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/238

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journalières, le prix de sa liberté ? S’il arrive donc quelquefois qu’un nègre se rachète des mains de son maître, ce ne peut être qu’un esclave domestique, qui reçoit beaucoup de présents des étrangers qui viennent visiter son maître, pour récompense des petits services qu’il leur rend, ou qui trouve les moyens de faire quelques rapines, ou bien encore un nègre ouvrier qu’un maître laisse travailler pour son propre compte, moyennant qu’il en reçoit, chaque mois, huit ou dix gourdes. Ce nègre, en effet, s’il est économe, grand travailleur, et qu’il trouve toujours de l’ouvrage, peut parvenir à avoir une petite aisance. Mais combien en voit-on dans ce cas ? Rien de plus rare qu’un nègre puisse se racheter.

Les gens de couleur libres, ne le sont donc, dans l’origine, que par la générosité de certains maîtres qui, voulant récompenser en eux quelques services importants, ou poussés par un remords de conscience, leur ont rendu ce beau présent des cieux qu’ils leur avaient usurpé.

Une mère peut devenir l’esclave de son enfant, par donation du maître. L’esclavage peut-il être en opposition plus directe avec la nature ? C’est pourtant ce que l’on voit souvent.