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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/262

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Je m’écarterais de mon plan si j’avais la prétention de traiter ici des matières de médecine ; et d’ailleurs, je ne suis point assez présomptueux pour m’en croire capable. Mais je ne puis m’empêcher de faire quelques réflexions que je crois utiles à quiconque serait tenté de voyager dans les Antilles. Si la fièvre jaune fait tant de ravages, c’est qu’on ne la traite pas comme il faut ; c’est qu’on ne vient point au secours de la nature, en lui aidant à expulser le mal qui l’oppresse. Voici un fait dont j’ai été témoin : M. Broux, adjoint de place à la Basse-Terre et l’un de mes amis, fut atteint de la fièvre jaune à son arrivée en 1815. On le soumit au traitement ordinaire. Il était prêt à succomber, quand la nature, dans ses derniers efforts, fit ce que le médecin se gardait bien de faire : elle l’évacua. Ce malade rendit une quantité prodigieuse de bile et donna soudain des signes de vie. Le médecin, qui l’avait laissé pour mort, se rendit vite auprès de lui et lui donna de nouveaux soins. Sa convalescence fut longue, probablement parce qu’il ne fut pas d’abord assez évacué ; mais depuis cette époque jusqu’en 1822 que je quittai la colonie, M. Broux éprouva, une fois chaque semaine, un vomissement naturel de bile ; et quand ce vomissement retardait, ce qui arrivait rarement, les symptômes de la fièvre jaune