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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/278

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l’hivernage. Souvent deux hommes ne se voient point à dix pas l’un de l’autre. On ne saurait se défendre d’une sorte de frayeur, et il faut être accoutumé à voir ce phénomène pour n’être point épouvanté. Parapluie, manteau, tout moyen ordinaire de préservation est inutile. Les animaux eux-mêmes sont frappés de crainte. Il m’est arrivé plus d’une fois d’être surpris par ces pluies en voyageant dans l’intérieur. Le cheval qui me portait s’arrétait tout à coup, tremblait de tous ses membres, et il m’était impossible de le faire avancer ; j’étais obligé de descendre. Si mes occupations me l’eussent permis, j’aurais tenté des expériences propres à faire connaître la quantité qui tombe, dans une de ces averses, sur une surface donnée ; mais le temps m’a toujours manqué pour faire des expériences suivies et de longues observations.

Quelquefois l’air est saturé d’humidité, sans que, pour cela, il perde beaucoup de sa transparence, et que la couleur bleue qu’il réfléchit soit très-sensiblement altérée. J’ai vu l’arc-en-ciel se tracer sur un ciel sans nuages et en apparence fort pur. Cet état de l’atmosphère présage presque toujours des pluies abondantes ou de gros vents. C’est surtout pendant l’hivernage qu’on remarque cet état de l’air.