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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/358

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Oh ! que de fois je formai le projet de m’établir dans ces belles solitudes, d’y défricher quelques arpents, d’y construire une chaumière, d’y cultiver des racines et d’y vivre, en sage, au sein de ma petite famille, loin du commerce des autres hommes et à l’abri des séductions d’un siècle moins brillant encore qu’immoral et corrompu !… Mais, délicieuse Normandie ! ma chère patrie ! le souvenir de tes charmes venait remplir mon âme et faisait soudain battre mon cœur ! mon projet alors s’évanouissait comme une vapeur légère aux rayons d’un soleil brûlant ! mes pensées, mes désirs s’élançaient vers toi. Je voulais revoir ce vieux toit paternel qui retentit de mes premières pleurs ; ces lieux qui furent témoins de mes premiers plaisirs comme de mes premières peines ; ces amis de mon enfance avec qui j’appris, sous les mêmes maîtres, et des mots et des choses. Je voulais aller creuser ma tombe auprès de mon berceau !

Je me sentais moins échauffé ; je repris ma route au travers de ces forêts antiques, aussi vieilles que le sol qui les porte. Là tout est simple et pourtant majestueux ; l’empreinte de l’art ne se fait remarquer nulle part. C’est le temple de la nature. Là on ne trouve ni chemins ni sentiers. On ne voit