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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/362

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versant les bois, un flacon de bon rhum, voilà sur quoi j’avais à m’exercer. Je dressai le tout sur le beau tapis de mousse dont la main de la nature a revêtu ce lieu. Mon compagnon, que l’appareil du dîner avait mis en bonne humeur, ne se fit pas prier pour accepter sa part ; il est vrai qu’il l’avait achetée par ses courses et par ses gentillesses.

Je n’avais guère moins besoin de repos que d’aliments ; cependant, je sentais que je n’avais pas de temps à perdre. Je ramassai les débris de mon dîner, qui n’étaient pas fort pesants, et je pris mon essor vers le sommet du volcan.

Je touchais presque au but, mais la distance qui me restait encore à franchir était certainement, pour moi, ce que le voyage offre de plus pénible. La pente est si rapide qu’on n saurait, sans danger, la gravir en ligne droite. Je montai donc en formant des zigzags. Je ne trouvai plus que des mousses de moins en moins longues, à mesure que je m’élevais davantage, et j’arrivai, tout hors d’haleine, au pied du grand piton ; il était trois heures. Ce grand piton est une énorme pyramide de lave compacte, au sommet de laquelle je n’osai jamais monter. C’est le point le plus élevé des montagnes, et on l’aperçoit de presque tous les