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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/361

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tout ce qui l’environne, ne saurait se faire une idée de cette différence. Tous les groupes se dessinaient plus nettement, les hauteurs, les vallons laissaient mieux apercevoir leurs contours et leurs sinuosités. La ville, qui se développe sur une longue courbe, semblait n’offrir que de petites cabanes ; les navires qui étaient dans la rade semblaient n’être que des barques légères. Au loin, on voyait les Saintes (îles) qui s’élevaient à peine au-dessus de l’Océan. De légers nuages blancs flottant lentement dans une atmosphère tranquille, me dérobaient, tour à tour, les divers objets de mon admiration, puis venaient bondir contre les montagnes que je dominais, ou allaient se fondre, pour ainsi dire, dans les forêts. Pour la centième fois, peut-être, je me reprochai de n’avoir pas cultivé cet art presque magique, qui avait charmé quelques-uns des loisirs de ma jeunesse, le dessin, qui m’eût procuré tant de jouissances dans mes voyages, et qui eût, en quelque sorte, éternisé mes souvenirs.

Je me retirai tout mécontent de moi-même et allai m’asseoir sur le bord de la ravine, pour prendre enfin mon modeste repas. Un petit pain, un morceau de bœuf salé, quelques bananes ; de bonne eau dont j’avais rempli un coco, en tra-