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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/366

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dis que j’étais égaré, je l’invitai à s’approcher et le priai de me mettre en bon chemin pour pouvoir arriver à l’habitation que je voyais. Il connaissait parfaitement les lieux ; il me dit que j’étais bien éloigné de l’habitation de M. O…, mais que la demeure que nous avions sous les yeux était celle d’un homme de couleur qui ne manquerait pas de me bien recevoir. Ce bon noir m’offrit de m’accompagner jusqu’auprès de la maison, et l’on se doute bien que je ne refusai pas ce bon office. Au bout d’une demi-heure, à peu près, il me mit sur un sentier qui y conduisait tout droit. Je lui donnai une gourde en le remerciant, puis il disparut. J’arrivai enfin à la porte de l’habitation, épuisé de fatigue. J’écoutai : quelques voix murmuraient confusément une prière. J’attendis, et, dès que le dernier amen fut prononcé, je frappai. « Qui est là ? — Un pèlerin qui, au nom du Dieu que vous venez d’invoquer, vous demande l’hospitalité. »

La porte s’ouvre, j’entre, je m’aperçois que ma présence cause à cette famille charitable une émotion singulière. « Ne craignez rien, m’écrié-je aussitôt, je suis un Européen égaré dans ses lieux, je n’ai et ne puis avoir aucun dessein hostile. J’implore votre bonté et vous prie de me prêter un