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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/371

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Une circonstance singulière qu’on pourrait regarder comme l’œuvre de la providence, détermina leur union. Le mari, qui alors était garçon, voyageait pour ses affaires dans une colonie voisine ; c’était pendant l’hivernage : un jour, en montant à l’habitation d’un de ses amis, il fut surpris par un de ces orages soudains qui semblent lancer contre la terre tous les feux et tous les torrents du ciel. Courir pour chercher un abri est son premier soin. Il aperçoit une chaumière en ruine, il y précipite ses pas, et, comme il est prêt d’y arriver, il tombe. Un cri perçant se fait entendre de cette chaumière ; c’est celui d’une jeune fille qui, le croyant frappé de la foudre, accourt éperdue pour lui prêter secours, s’il en est temps encore. Une pierre, que son pied avait heurtée, avait seule causé sa chute. La sensibilité que cette jeune fille avait manifestée à son égard, et son air modeste et timide lui donnent une bonne opinion des qualités de son cœur. Ils furent muets tant que dura l’orage. À peine le beau temps fut-il de retour qu’ils échangèrent quelques compliments, et le voyageur de demander à la jeune fille qui elle est, où elle demeure et de continuer sa route. Cependant l’image de cette jeune personne ne sort plus de son imagination ; un charme puissant l’y retient sans cesse. Il tombe malgré lui dans une rêverie douce et mélancolique ;