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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/372

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il se persuade qu’elle peut faire son bonheur. Plein de cette pensée, il va, quelques jours après, trouver son maître, l’achète, la conduit à l’église où un prêtre les unit ; et c’était devant ce couple heureux que je me trouvais.

Il y a là du romantique, il faut l’avouer, et cette circonstance, susceptible d’ornements, serait certes d’un grand effet dans l’histoire de leur vie.

Ils étaient propriétaires, ils avaient conséquemment des esclaves ; j’étais curieux de savoir comment ils les traitaient et ce qu’ils pensaient de l’esclavage. Je demandai donc au mari comment il avait pu s’accoutumer à la vie de collège, après avoir passé sa première enfance dans une molle oisiveté et dans l’exercice d’un despotisme impérieux.

« Vous vous tromperiez fort, Monsieur, me répondit-il avec une sorte de vivacité qui me fit plaisir, si vous pensiez que j’ai été élevé comme le sont ordinairement les créoles. Mon père était Européen ; il n’avait point oublié les principes dont on avait nourri sa jeunesse. Il connaissait le prix de l’éducation, et, tant qu’il vécut, il s’occupa de la mienne avec une persévérance que je n’oublierai jamais. Je balbutiais à peine quand il m’apprit à prier l’auteur