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Page:Longin - Voyage a la Guadeloupe, 1848.djvu/374

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somme qu’il faut faire marcher les êtres qu’elles ont dégradés. J’ai vu des maîtres, j’en frémis encore, traiter leurs esclaves comme j’aurais eu honte de traiter de mauvais mulets. J’ai des domestiques que je renvoie pour en prendre d’autres, quand ils négligent leurs devoirs ; mais je ne veux point avoir des esclaves contre lesquels je serais obligé de sévir.

— Il est vrai, me répondit-il, qu’on ne peut cultiver ces pays sans esclaves ; mais il est vrai aussi que l’esclavage est une bien triste chose. Être obligé de vivre sous l’empire d’une volonté étrangère, quand on se sent libre par sa nature, il n’est rien à mon sens de plus affreux ! Et comment faire cesser un état de choses si affligeant ? Oh ! que vous êtes heureux en Europe ! Que ne puis-je y transporter ma propriété !

Cependant, nous n’avons point à endurer tous les désagréments qui naissent de l’esclavage. Nous prenons les moyens qui sont en notre pouvoir pour le rendre supportable à nos gens, et si tous les maîtres voulaient être justes à l’égard des esclaves, ces malheureux n’auraient pas tant à gémir sur leur condition, ils se soumettraient plus volontiers à ce qu’on exige d’eux : mais leur imposer, comme ils