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aller pêcher, et qu’ils ne reviennent qu’entre trois et cinq heures du matin. C’est à ces différentes époques seulement qu’on peut chasser.

Donc, quand les diablotins commencent à se faire entendre, le chasseur s’assied, reste immobile et pipe toujours de la même manière. L’oiseau s’avance, s’abat sur lui, et vient mettre le bec dans sa bouche. Le chasseur, avec adresse et promptitude, le saisit par le cou et l’étouffe afin qu’il ne puisse crier ; car, au plus léger cri, les autres, qui le suivent, s’enfuiraient sans retour. On en prend quelquefois vingt dans une pipée, et on appelle pipée chacun des intervalles où l’on peut chasser.

Après la première pipée, c’est-à-dire après neuf heures du soir, il n’y a plus un seul diablotin dans les bois, et au cri lugubre de ces oiseaux nocturnes succède le plus profond silence. C’est alors que les plaisirs de la chasse commencent.

On fait un grand feu près de l’ajoupa, on allume des torches faites avec du bois, des feuilles et de la résine de gommier ; on prépare un festin, chacun se met à l’œuvre ; l’un plume les diablotins, l’autre fait des broches avec des rameaux de manglier ;