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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/253

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à mon avis, de même que la Divinité se manifeste par des bienfaits, il n’y a de véritable seigneur que le seigneur qui fait du bien.

Nuño.

Vingt vaches et cent brebis ! ce sera une jolie propriété lorsque, au retour du printemps, tu les mèneras dans la vallée du Sil. Que Dieu récompense don Tello pour tant de bontés !

Sanche.

Où est Elvire, seigneur ?

Nuño.

Elle est occupée sans doute après sa coiffure ou quelque parure de noce.

Sanche.

Elle n’a pas besoin de s’attifer ; elle est toujours bien ; elle n’a qu’à paraître, et voilà le soleil !

Nuño.

Il y a dans ton amour quelque chose qui n’est pas d’un villageois.

Sanche.

Avec elle, mon père, je serai constant comme un berger, et soigneux comme un courtisan.

Nuño.

On n’aime jamais bien quand on n’a pas d’esprit. Pour bien aimer, il faut savoir décrire ce qu’on sent ; et tu es précisément l’homme que je souhaitais pour ma fille… Mais appelle nos gens ; je veux que don Tello voie que je suis, ou que j’ai été quelque chose.

Sanche.

Les voici qui viennent. Ils accompagnent nos deux seigneurs. — Dites donc à Elvire de laisser là sa coiffure et de venir les recevoir.


Entrent DON TELLO, JUANA, LÉONOR, Domestiques et Paysans.
Tello.

Où est ma sœur ?

Juana.

Elle est allée voir la mariée.

Sanche.

Monseigneur…

Tello.

Sanche ?

Sanche.

Ce serait folie à un pauvre rustre tel que moi de prétendre vous remercier comme il convient pour tant de bontés.

Tello.

Où est ton beau-père ?

Nuño.

Ici, où l’honneur que vous lui faites va prolonger le cours de ses années.