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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/290

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Le Roi.

Nuño, le bâton de justice ressemble au tonnerre, en ce sens qu’il annonce la foudre. — Seul, comme je suis, je saurai faire justice pour le roi.

Nuño.

Il y a en vous, seigneur, je ne sais quoi de si imposant, que, bien que je sois l’offensé, je tremble.

Le Roi.

Je vais faire l’information.

Nuño.

Veuillez d’abord, seigneur, vous reposer. Vous aurez le temps de vous en occuper plus tard.

Le Roi.

Je n’ai pas de temps à perdre. — Comment te va, Pélage ?

Pélage.

À merveille ! je vous remercie. Il faut que je dise à votre maj…

Le Roi.

Que t’ai-je dit ?

Pélage.

C’est juste. — Eh bien, comment se porte votre seigneurie ?

Le Roi.

Fort bien, grâce au ciel.

Pélage, bas, à Nuño.

Par ma foi ! si nous gagnons notre procès, je veux offrir au roi un cochon gros comme lui.

Nuño.

Tais-toi, sot.

Pélage.

Voulez-vous donc que je dise un cochon comme moi, qui suis si petit ?

Le Roi.

Appelez vos gens au plus tôt.


Entrent BRITO, PHILÈNE, JUANA et LÉONOR.
Nuño.

S’il nous faut faire venir tous les bergers de la montagne et de la vallée, vous attendrez longtemps.

Le Roi.

C’est assez de ceux-là. (À Brito). Qui êtes-vous ?

Brito.

Moi, bon seigneur, je suis Brito et je travaille aux champs.

Pélage.

On l’a pris déjà marié, et maintenant il l’est plus que jamais[1].

  1. Y ya es cabrito.

    Et maintenant c’est un cabri. — Le mot cabrito (petit chevreau, cabri) est en quelque sorte le diminutif de cabron, qui signifie tout à la fois un bouc et un George Dandin.