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Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/207

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Bato.

Comme il va être content ! il en mourra !

Benjamin.

Marche !

Bato.

Vous me céderez Lida, n’est-il pas vrai, maintenant que vous allez être un grand seigneur ?

Benjamin.

Jamais je n’ai eu d’amour pour elle.

Bato.

Sur votre tête ?

Benjamin.

Et je te la donne pour femme.

Bato.

Oh ! de ce coup, je vais me venger. — Il faudra, vive Dieu : qu’elle me prie, et moi, je ne veux plus d’elle.

Ils sortent.



Scène IV.

La campagne.


Entre JACOB.
Jacob.

Divin créateur du ciel et de la terre, seigneur de tout ce que je vois, toi à qui la voûte azurée sert de trône, et devant qui s’inclinent humblement les célestes phalanges, console mon cœur affligé dans la solitude où il languit ; aie pitié de mes peines et de ma vieillesse. C’est toi qui jadis apaisas la colère de Laban, lorsque, par une ruse semblable à ses ruses, j’emmenai Rachel et Lia, et qui me réconcilias avec Ésaü qui me suivait armé. Si tu as permis, sur la fin de mes jours, qu’on m’enlevât Dina, et qu’une bête féroce déchirât Joseph, accorde du moins à ton serviteur que je revoie Benjamin avant que vienne la mort, fin de tous mes travaux.


Entrent DINA, LIDA, et des Musiciens en habits de fête.
Dina.

En ces tristes circonstances, nous devons lui procurer des distractions.

Lida.

Vous augmenterez ses ennuis. Je connais son caractère.

Dina.

Mon père, en l’absence de mes frères, nous cherchons à t’égayer.

Jacob.

Il n’est plus de repos pour moi ; ma vie est à sa fin.

Dina.

Monseigneur, dérobe un moment à tes ennuis. Assieds-toi, et