deurs. L’alguazil arrête, l’alcade châtie, le procureur conduit un procès, l’avocat accuse ou défend, le médecin a son malade. Le vilain sert son seigneur, l’officier son chef supérieur, la femme mariée son mari, la fille son père ; et le père de son côté sert sa fille, puisqu’il est obligé de la loger et de la nourrir. Tout le monde sert ici-bas. Diogène seul vécut indépendant sans servir personne ; mais aussi, dit-on, il passa sa vie enfermé dans un tonneau.
Il est vrai, on est toujours obligé de servir quelqu’un. Cependant je voudrais, Fabio, qu’aucun de nous trois ne fût obligé de servir chez les étrangers. Nous sommes tous les trois Espagnols ; et quand les Espagnols sortent de leur pays, que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre, ils tranchent tous du seigneur et du prince. Ainsi faisons ; et puisque nous arrivons d’Espagne, tâchons au moins de paraître ce que nous avons été, ce que nous sommes.
Il a raison.
Cent fois raison. Eh bien ! écoutez. Tirons tous les trois au sort à qui de nous sera le maître ; et celui que le sort favorisera sera servi par les deux autres. Voulez-vous ?
Je veux bien.
C’est juste.
Nous mettrons le Don devant son nom de baptême, nous l’appellerons cavalier, nous le traiterons avec tous les égards imaginables. Avec cela, bien qu’il ne soit pas trop bien en argent, il obtiendra créance. Il lèvera des soldats, il accompagnera le vice-roi, et recevra de sa majesté des faveurs qui lui permettront bientôt d’épouser quelque dame principale de Sicile, et de tenir un rang digne d’un Espagnol. Que vous en semble ?
Que vous parlez en vrai Tolédan.
Cela ne vaut-il pas mieux que de nous chercher un maître avare ?
Certainement, cela vaut mieux mille fois ; car il n’est rien de pis que de servir un fripon d’imbécile qui ne tire qu’un plat de trois marmites[1].
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..... Es servir
A un vellaco mentecato
Que a tres olas tire un plato.Au mot olas (ondes, flots) nous avons substitué le mot ollas (marmites).
