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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/102

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hôtel et le beau jardin que vous admiriez tout à l’heure, les dépendances et cette maison.

— Qui était la vôtre, interrompais-je avec violence. « Qui était la sienne… m’était-il répondu, puisqu’il m’avait été permis de la lui conserver. Mais voici cinq heures qui sonnent, vous allez manquer votre train, et mon ami Hector ne vous le pardonnerait pas, faisait-il en prêtant l’oreille à une vague sonnerie, apportée jusqu’à nous de la ville lointaine par-dessus les charmilles et les tilleuls légers de ce jardin de mai, allons, partons, allons-nous-en, »

Mais une curiosité me restait, et sur le seuil de ce petit salon, triste et joli comme un amour embaumé « Vous devez bien avoir quelque portrait d’elle, une miniature, que sais-je, un médaillon ! osais-je lui souffler à voix basse, je voudrais bien la voir, pour l’aimer, moi aussi ! Mais lui, devenu subitement tout pâle : « Aucun de ses portraits n’était elle, je les ai tous brûlés », dit-il avec la tristesse d’un homme que tous les événements de la vie ont raillé et trahi. Et il me mit brusquement à la porte, tout à coup renfrogné, avec la précipitation jalouse d’un avare qui en a trop dit.