Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connaissait plus. Mais ses promenades étaient rares et dans les derniers temps de sa vie elle ne descendait même plus au jardin. Elle vivait là entre son clavecin toujours fermé car elle avait perdu sa voix en perdant sa beauté et sa harpe désormais muette ; mélancolique, silencieuse et voilée, toute à un passé qui était sa vie, sa vie gâchée, tronquée, trahie…

Mme Lafond est morte à quarante-huit ans, emportant le secret de sa triste existence, fidèle à son amour qui avait été sa perte, ignorante…

— Du vôtre, m’écriai-je malgré moi.

— Eh bien, oui, du mien, qui, lui, l’avait sauvée ; car vous l’avez deviné, disait-il en retirant sa main que j’avais saisie nerveusement dans les miennes, emporté dans un élan vers cet obscur et sublime petit vieillard, le vieil ami des hypothèques. Eh ! oui, c’est moi ! (Et comme j’avais les yeux remplis de larmes)… Eh quoi ! n’en auriez-vous pas fait autant à ma place ! reprenait simplement le bonhomme, je l’aimais… Au reste, Mme Lafond a reconnu mes soins et mon affection dans son testament m’a légué cet