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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/113

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restait et, tout en terminant ma toilette, le garçon allant et venant dans ma chambre

— Et la chambre à côté, essayai-je de dire négligemment et je m’arrêtai, effaré moi-même de la brusque altération de ma voix.

— La chambre d’à côté ! ânonnait le garçon.

— Oui, la chambre d’à côté, quelqu’un y couche, y a couché cette nuit ?

— La chambre d’à côté, oh ! que non, monsieur, personne n’y couche plus ; les portes sont condamnées. Oh ! que non, personne n’y couche plus dans la chambre de madame la marquise.

— La chambre de madame la marquise !

— Oui, c’est là qu’est défunte la mère de monsieur le marquis ; oh ! il y a longtemps de ça ; oh ! oui, il y a bien une trentaine d’années de ça !

C’est tout ce que je pus tirer de ce garçon. Je le congédiai et une fois seul essayai bien de coller mon œil aux trous des serrures ; peine perdue, les persiennes de la chambre voisine devaient être closes ou les portes garnies de tentures impossible de rien distinguer, ma curiosité se heurta à une muette obscurité de tombe.