Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/114

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La nuit suivante je couchai au château : au déjeuner, où je trouvai le moyen d’arriver en retard, le marquis, en s’informant de la façon dont j’avais passé la nuit dans ce pavillon isolé de la forêt, s’excusa d’avoir été forcé de me donner un si mauvais gite, mais, ajouta-t-il avec un équivoque sourire, un de mes hôtes est parti ce matin, sa chambre est libre, et François apportera cette après-midi votre bagage ici, vous dormirez au château « cette nuit ».

Et ce fut tout… j’avais sans doute été victime d’une hallucination ; mes nerfs d’imaginatif, impressionnés par l’aspect de détresse et de morne abandon de ce pavillon solitaire, avaient travaillé sur eux-mêmes pendant mon sommeil, et mon cauchemar n’avait été en somme que ce que sont tous les cauchemars, la prolongation douloureuse hors de l’état de veille d’une pénible sensation.

Et pourtant, depuis que je sais que la marquise Simonne-Henriette d’Hauthère, la mère de mon hôte, est morte à vingt-huit ans, quasi-folle, ou du moins la famille l’a prétendu, les uns ont dit séquestrée par la jalousie d’un mari d’un autre âge