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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/119

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ROMANCE D’AUTOMNE !


Pâle voyageur, connais-tu l’amour ?
Comme tout le monde, en rêvant, un jour
Je l’ai rencontré fleuri d’espérance,
Et j’ai pris ma place au sein des élus.
J’avais dans le cœur toutes les croyances
Il m’en a tant pris que je n’en ai plus.


Et la vieille chanson populaire, un air sentimental et pleurard de faubourg, se perdait maintenant avec la ritournelle de l’orgue et dans l’éloignement et dans les bruits de charroi de la route.

C’était le soir aux pieds des grands ombrages et des hautes futaies étagées de Migneaux et de Villennes, la Seine, une nappe d’eau immobile aux luisances de miroir, allait s’élargissant sous les arches cintrées du vieux pont de Poissy : le paysage, d’une délicatesse de tons infinis dans la lumière transparente et frisante de ce crépuscule d’au-