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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/120

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tomne, se détachait, précis et clair, plus clair même que le ciel, sur un horizon d’orage chargé d’ozone, un horizon de bataille ou des grosses nuées d’un gris de nacre se teintaient çà et là d’or verdâtre et çà et là saignaient comme crevées sur les bords ; la journée avait été chaude et un même désir de grand air, une même curiosité du coucher de soleil, dans ce vaste et calme paysage, avait réuni, sur la terrasse du bord de l’eau, les invités de sir William Willins : une dizaine de femmes en toilettes claires de dîner, et autant d’hommes en jaquettes du soir, tous tout heureux de vivre et de se retrouver là, corrects et soignés, sentant bon, et le teint frais, avant la sonnerie d’appel de la villa !

Belle aux cheveux d’or, connais-tu l’amour ?
Comme tout le monde en rêvant un jour
Il a dit mon nom avec tant de charmes
Que j’ai cru tenir l’éternel bonheur.
Hélas ! j’ai versé depuis tant de larmes,
Que c’est par les yeux qu’est parti mon cœur.

Et maintenant que la mélopée du vieux mendigot porteur d’orgue n’était plus qu’une rumeur con-