Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il attendait son arrivée, comme l’avance à l’ordre de son colonel ; une dévotion de vieille culotte de peau tournant à la manie dans ce vieux soldat tombé presque en enfance, dévotion d’autant plus touchante que nul escarpin de marquise de Sonyeuse ne vint jamais fouler le sable de cette unique allée, bien entretenue par lui, pas plus que le ray-grass de la petite pelouse, objet de ses amours. Il faut d’ailleurs ajouter à sa louange qu’en dehors de l’espace compris entre la grille d’entrée et l’ensommeillé pavillon, Bricard laissait toute la propriété retourner grand train à l’état sauvage ; plus de massifs, des broussailles ; du foin de haut pré au beau milieu des allées ; du bois taillis dans les quinconces et des vignes vierges en guirlandes autour des marronniers du boulingrin.

Quant au potager, une merveille : châssis, semis, plants de légumes, primeurs de serre et melons sous cloches : le père Bricard récoltait des petits pois en décembre et des asperges en janvier. De nos jours, le brave homme se serait fait des rentes sur le carreau des Halles. L’hiver, il se