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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/14

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contentait de vendre ses élèves le prix coûtant aux gourmets de la ville, et l’été les revendeuses du marché aux herbes lui achetaient sur pied ses champs de fève et ses carrés d’oignons ; par-ci par-là, entre un plant de choux-fleurs et une platebande de courges, une corbeille de fleurs de collection : œillets, chrysanthèmes, roses, iris ou tulipes, les plus belles espèces de fleurs de chaque saison.

De quoi faire un royal bouquet à Mme la marquise ! Une marotte à lui, à ce vieux tatillon.

Mais si la marquise ne vint pas dans ce beau jardin ensommeillé de Sonyeuse dont elle portait le nom, il y vint un jour une autre femme, et c’est pour celle-là que, pris malgré moi au charme du souvenir, j’ai tenté de faire revivre, sous ma plume, un peu de cette vieille demeure, où se dénoua si tragiquement ce qu’on a su ici de son histoire.

J’étais pourtant bien enfant, mais je n’oublierai jamais l’impression de ma première rencontre avec lady Mordaunt : Lady Mordaunt, était-ce bien là son véritable nom ? Quelle haute personnalité de