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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/144

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si nous allions être changés… Changé comme un absent, tu connais le proverbe.

Visions, me diras-tu. Non. Je suis comme averti ! il y a quelque chose de brisé entre nous et je la hais déjà de la pressentir pas demeurée la même.

Après tout, qu’importe ! Elle ne pourra m’oublier tout à fait, puisque moi je garderai son souvenir… Vois-tu, mon pauvre Armand, ni les mêmes baisers ne se vivent deux fois, ni les sensations ne peuvent se survivre.

Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis
Renaitront-ils d’un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis.


a tristement demandé le poète, et s’il l’a demandé, c’est qu’une voix lui disait tout bas, non, non, non, cent fois non !

Notre amour est condamné comme les feuilles jaunes des bouleaux que le vent en ce moment fait pleuvoir avec un bruit de légères ferrailles sur le rebord de mes fenêtres… et puis j’ai lu l’avenir dans ce pâle, si pâle et verdissant miroir.

Mon pauvre ami, que je suis malheureux !