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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/148

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rents en somme à la promenade incessante et nous frôlant presque des femmes en mantilles et des sifflets d’ébène en quête de Francillons, nous causions et de la beauté de plus en plus introuvable aujourd’hui chez des femmes dites de plaisir et surtout du manque absolu d’imprévu et de neuf de la galanterie moderne, la galanterie aux taux réglés et débattus d’avance comme ceux d’un compte de fournisseur.

— Moi, je me contente de mes modèles, voilà où j’en suis arrivé, concluait Inotey entre deux mesures de valse nous arrivant en bouffées du foyer, où une trolée de gommeux bostonnait au son de l’orchestre de Broustet. La séance donnée, quand l’envie m’en démange, je pousse la fille sur un divan, dans un coin d’atelier… puis je paye la pose double… Elles sont bien faites au moins, celles-là, et presque saines. Je sais ce que je prends… oui, de beaux corps, les matines, mais parfois de fichues gueules… Enfin !

Et cet enfin résumait si bien ma propre impression, l’obligatoire et morne résignation de l’artiste de l’an 1890 dans l’à-peu-près de la vie, l’à-peu--