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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/152

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monstrueux cartonnages, qui rendent un homme méconnaissable en le défigurant.

— Deviens-tu fou ?

Il avait déjà fait face à la loge et, me broyant silencieusement la main, regardait la femme du numéro 34 se hasarder dans l’entrebâillement de la porte, comme hésitante à sortir.

Ensevelie, ou plutôt murée dans un ample et long domino de satin noir, le capuchon du camail rabattu sur le front avec une épaisse dentelle de Chantilly ramenée sur le nez, la bouche et le menton, ne laissant entrevoir que le haut du visage, elle penchait la tête, regardait à gauche, à droite, comme pour s’assurer de la sécurité du couloir, puis tout d’un coup, relevant la traîne de sa jupe d’une main, appuyant de l’autre à hauteur de ses yeux un grand éventail déployé de moire noire, elle s’engageait dans la cohue et, svelte et onduleuse et dans la raide étoffe et malgré l’engoncement de son déguisement noir, filait à pas menus, se frayait un chemin et parmi tous ces masques et ce tas d’habits noirs, impénétrable, presque invisible tant elle était voilée, et