Aller au contenu

Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faisant pourtant retourner toutes les têtes, étinceler tous les regards et se gonfler toutes les narines sur le passage de ses petits pieds, gantés de satin noir, et l’amoureuse promesse des sinuosités de sa taille fuyante et de sa démarche molle.

Inotey avait attendu qu’une distance de cent pas la séparât au moins de sa loge, puis, l’ayant brusquement rejointe, il passait familièrement son bras sous le sien, lui parlait à l’oreille en paonnant et déguisant sa voix à plaisir ; le domino si hardiment abordé n’avait ni recul, ni effarement farouche et, si son attitude vis-à-vis le faux-nez d’Inotey manquait, oh ! cela oui, absolument d’enthousiasme, les propos qu’il lui débitait ne semblaient pas trop lui déplaire, quand, se dégageant tout à coup de l’étreinte d’Inotey, le voilà qui se mettait à courir, à fuir droit devant lui, comme en proie à une véritable épouvante et mon ami Inotey, retenant d’une main son faux nez de carton, de l’autre essayant de saisir le camail de la fugitive, se mettait à lui donner une véritable chasse, tant et tant que des groupes commençaient à se former et que je croyais devoir intervenir.