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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/166

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— Sans doute, cette femme est une malade, une obsédée, une hystérique… Mais son cas a cela de particulier qu’elle a conscience de sa honte et de sa maladie, mais la passion… et quelle passion… est devenue chez elle un tel besoin physique (et un véritable besoin physique accompagné d’appétences et de spasmes, comme celui de la soif et de la faim) que…

— Oui, une nymphomane !

— Mais une nymphomane à lésion cérébrale, aux appétits compliqués et bizarres ne pouvant se satisfaire que dans certains milieux, car, chose étrange, cette lubrique est chaste : après une nuit crapuleuse comme celle qu’elle cuve en ce moment dans je ne sais quel horrible garni du quartier des Halles, sur la poitrine de cet ignoble souteneur, elle est prise de pudeurs singulières : déboutée, épouvantée d’elle-même, elle tombe dans des continences de trois et quatre mois ; son passé lui fait horreur, et puis un beau matin, l’affreux besoin flambe soudain en elle et, comme une bête traquée, la voilà tout à coup qui se met à rôder, errer et flairer à travers les aventures sus-