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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/168

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journellement dans ces sinistres aventures ; le péril l’attire, pis, il la grise et l’enivre, et elle l’aime, ce périt, du même sauvage et furieux amour dont elle semble aimer et poursuivre la Mort… Il y a de l’héroïne et de la goule en elle… Pauvre femme ! pour moi elle est appelée à finir quelque jour dans le sang, ce sang qui gonfle et fleurit d’une éternelle rougeur humide la peau tendre et plissée de ses lèvres ; d’ailleurs, faisait-il en s’interrompant devant mon sourire, quand je discuterai pendant des heures sur l’énigme de ce tempérament, je ne te convaincrais pas davantage. Les faits ont eu une bien autre éloquence, et quand je t’aurai dit dans quelles circonstances j’ai fait la connaissance de cette femme pour la première fois, peut-être me feras-tu grâce enfin et de tes moues sceptiques et de tes airs entendus.

— « Soit, je t’écoute, répliquai-je en m’enfonçant dans mon fauteuil, mais permets-moi d’allumer un cigare. Voila, c’est fait.

Alors Inotey : « Te souviens-tu de Lebarroil… le lutteur, celui qui m’a posé l’athlète du premier plan de mon tableau d’il y a trois ans, ma baraque