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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/178

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et généreuse, deux ou trois louis à chaque fois.

— Et tu ne sais pas même où elle demeure, tu n’as jamais été tenté de la suivre, de savoir…

— Plus souvent, pour qu’elle ne revienne pas ! Moi je ne la fais pas au chantage. Je n’écrase pas le poulet dans l’œuf. Dans le métier, nous les connaissons, ces sortes de femmes-là, les passionnées, comme nous les appelons, oh ! ça se rencontre ! ça n’aime que le voyou, le maillot, le biceps, les nous autres, la canaille… et plus c’est huppé, soigné, fier dans son maintien et sa mise, plus que c’est chaud et caressant dans le pieu[1] ; quoi, des vraies mômes ! Oh ! nous ne sommes pas longs à les reconnaitre, ça stationne dans les foires devant les parades de lutte, ça fait cercle dans la foule autour du travail en plein vent, sur le pavé des rues, ça va, ça vient, ça rode et ça n’a l’air de rien, mais un coup d’œil de coin, c’est amorcé, ça y est… à un battement de paupière, à un sourire… Compris. On s’écarte un peu de la foule, on se rencontre dans un coin, chez un marchand de vin ou derrière une baraque, on prend rendez-vous… et

  1. Le lit.