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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/244

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firent un moment songer à un cortège de pénitents… et comme il était psychologue et analysait, soit par habitude, soit par respect humain, ses plus minces sensations, il se reporta, devant le silence endormi de cette place, à son aspect affairé et vivant huit heures auparavant, à l’heure parisienne où l’on revient du Bois.

Au loin, sous les sabots de trotteurs ferrés à glace, sonne et s’enfonce à l’horizon l’avenue des Champs-Élysées, barrée sur un ciel rouge par le carre de l’Arc-de-Triomphe.

Des silhouettes engoncées, le dos frileux et voûté, se hâtent dans le froid sibérien de la place les unes sont cravatées de lainages grisâtres, les autres ont autour du col des claires et tendres luisances de soie : ce sont les pauvres et les riches ; les pauvres ont le cache-nez, les riches le foulard ; et il éprouvait le besoin de croiser un peu le sien sur son plastron plissé dans la tiédeur de sa pelisse de fourrure.

Il était, du reste, du goût le plus pur, son foulard de ce soir, et Cazal lui-même n’aurait eu qu’à s’incliner dans un muet sourire devant ce semis de