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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/248

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tie de masques dans le grand jour de cette aube de mars ; mais combien éreintées et singulièrement vieillies, aperçues ainsi à la lumière crue du matin, après la fatigue et l’excitation d’une nuit de bal, les souples arlequines et les folles clownesses. La sortie du bal en plein jour, la grande trahison des maquillages et la complète déroute des fards, l’écueil redoutable aux plus charmants visages.

Celles qui ne sont plus jeunes y apparaissent terribles, la paupière capotée, les lèvres détendues, tirées au coin de sinistres plis noirs ; effroyables et lamentables sous la défroque des costumes et le chanvre roui des chevelures déteintes ; mais les jeunes y sont adorables : les teints fouettés par le plaisir, moites encore de l’excitation du souper et des danses, s’y révèlent d’un rose inconnu à Paris, d’un rose de fraise à la crème ou de pétale d’églantine ; et parmi les chairs roses de jeunesse de cette matinée-là, il s’en trouvait une, une aux profonds yeux bleus, long-cillés et malins, un peu hardis, peut-être, une aux cheveux auburn, ce délicieux auburn qu’adore l’Angleterre — cette nuance divine entre le