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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/255

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DANS L’ESPACE

Willette ! Pourquoi tous les clochers et toutes les cloches de Paris me semblaient-ils carillonner ce nom et ce seul nom en cette claire et froide nuit dernière, et pourquoi, parmi les ombres, de tant de saintes légendes hantées de cette veillée de Noël, est-ce la fantasque et hallucinante chevauchée de premières communiantes et de jeunes prostituées, escortant à travers les nues Pierrot suicidé et saignant, qui dévalait comme une trombe sous mes yeux somnambules dans le givre glace d’une lune hivernale.

Oh ! les terribles petites femmes, haut troussées de clair, long corsetées de sombre, et montrant, dans d’énervantes poses, le plus de nu possible : nu des fluettes épaules sortant, comme une fleur, hors du corset qui tombe, nu des seins en révolte, aigus et courrouces, framboises pointant hors des dentelles du corsage, nu du genou et parfois de la cuisse entrevus plus roses entre les blancs des