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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/256

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dessous au pillage et le noir soyeux du bas noir, quel damnable sortilège ou quelle curiosité urticante les évoquait et les provoquait, une à une, en cette sainte nuit de Noël, tentantes comme un vice et pirouettantes comme des clowns, chemises levées et retroussées, toutes les fossettes de leur chair rose à l’air, et frissonnantes suspendues très haut dans l’espace, au-dessus de Paris endormi, soit aux raies argentées d’un blême clair de lune, soit à l’aile géante du Moulin de la Galette !


Perché sur la haute colline
Et coiffé d’un bonnet pointu,
Le moulin fait, de la vertu
Des filles, la blanche farine.

Tourne, tourne, le moulin gai
Avec la frêle blonde, ô gué.


Qui m’obsédait ainsi en elles, leur souple anatomie de garçonnes aux reins pétris de neige et de chlorose, leur perverse anémie aux acidités de pommes vertes ou leur inconsciente et féroce gaité de gamines homicides, de tueuses de poètes aux yeux vides et fous, de mangeuses de moelles,