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Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/262

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étant enfant, car j’en reconnais et les quais et les ponts, et les hautes maisons aux toits fourrés de blanc et les clochers pointus… montrant du doigt le ciel.

Cette ville inconnue et reconnue pourtant, chère à mon enfance bercée de contes et de récits d’aïeules, une fée vient de la faire surgir du Paris archi-usé et toujours nouveau, des ponts et des quais, la fée par excellence et des transformations et des métamorphoses ; cette magicienne, la neige : la neige qui dans les contes de Noël floconne et tourbillonne, mélancolique et blanche, sur la flèche de la cathédrale toute retentissante de la messe de minuit, la neige qui s’anime et voltige, si bizarrement ailée, mi-fantôme et mi-abeille, dans les poèmes enfantins du norvégien Andersen.

On voit arriver de Norvège
Avec les premiers froids d’hiver
Des grandes abeilles de neige
Leurs essaims blancs couvrent la mer.

Mais écoutez ces cris et ces voix, là-haut dans les nuées ! Est-ce un vol de courlis, qu’aura saisi le froid, sont-ce des grues qui passent ?